L’ortie – la plante qui pique notre curiosité

Bien connue des personnes qui marchent dans les herbes hautes en short, des adeptes de médecine douce ou de cuisine traditionnelle, l’ortie est en fait une vaste famille de plusieurs centaines d’espèces connues sous le nom générique latin de Urtica L. «la pointe brûlante». Herbe annuelle et pérenne, deux espèces sont particulièrement présentes sous nos latitudes, la Urtica Diolca L. et la Urtica Urens. Végétal à deux faces, les orties nous montrent à la fois leurs vertus thérapeutiques et irritantes.

ortieforever

Le piquant de l’histoire

Les premiers écrits relatant de l’usage de l’ortie datent de plus de 3000 ans avant notre ère. C’est ainsi que nous savons que les romains et les grecs utilisaient l’ortie dans les recettes de cuisine pour attendrir la viande. Discorite lui-même se servait des feuilles d’orties comme anti-inflammatoire pour les blessures ouvertes, et du jus d’ortie pour arrêter les saignements de nez. Pline, quant à lui, recommande qu’on s’en frotte les jambes en cas de léthargie ou de morsures de chien. L’antique physicien Phanias, lui, indique l’ortie cuite ou confite pour les problèmes d’estomac.

Outre les usages alimentaires et médicaux de l’ortie que l’on trouve dans toutes les civilisations, elle servait aussi à produire du papier ou en remplacement des fibres de coton. On l’utilisait également dans le textile sous la forme de teinture qui, en Russie, servait à colorer la laine.

Molécules et dards

Connue ainsi depuis des générations et native d’Eurasie, l’ortie renferme des molécules variées aux propriétés essentielles pour notre vie, mais aussi pouvant entrer dans la guérison de maladies plus complexes comme le cancer.

Pourtant peu étudiée dans le monde scientifique, nous pouvons cependant établir une liste de base de ses ingrédients les plus remarquables pour leur activité biologique:

  • Acide formique : diurétique
  • Histamine : inflammation du derme
  • Acétylcholine : neurotransmetteur
  • Sérotonine : neurotransmetteur
  • Lectines: phytomitogène
  • Polysaccharrides : stimulant des lymphocytes T
  • Acide malique cafféique : anti-inflammatoire
  • Caroténoïdes : anti-oxydant
  • Acide folique
  • Chlorophylle
  • Vitamines B1, B2, B3, C, D, etc…
  • Oligo-éléments (Fer, Sélénium, magnésium, calcium, cuivre, zinc, etc…)


De l’arbre à la gélule

Si l’ortie était populaire dans l’Antiquité et le Moyen-Âge, nous ne lui connaissons que peu d’applications en médecine moderne, mais qui restent de taille, comme le ralentissement du développement des tumeurs chez des patients atteints du cancer de la prostate. Dans les médecines douces, elle fait toute parties intégrantes des traitements de l’eczéma, des rhumatismes, des hémorroïdes ou des ulcères. Utilisée aussi comme diurétique, les vertus de l’ortie peuvent être listées comme suit :

  • Anti-oxydant,
  • Anti-inflammatoire,
  • Antiviral,
  • Anti-bactérien,
  • Ralentissement du développement de certaines cellules cancéreuses,
  • Arthrites,
  • Anti-rhumatisme,
  • Anti-diabète


De nouvelles applications médicales

Outre le mécanisme inflammatoire bien connu sous le nom technique «qui s’y frotte s’y pique», la faculté des fines aiguilles de l’ortie a faire relâcher l’histamine dans notre peau n’est pas le seul élément médicalement notable de l’ortie.

Utilisée déjà par Avicenne, l’ortie aide au développement de nouveaux traitements contre le diabète. La variété d’ortie Urtica Diolca semble donner des résultats probants pour faire baisser le taux de glucose chez les êtres vivants, confirmant ainsi les écrits médicaux antiques.

De nouveaux essais sur des extraits de racines d’ortie montrent son potentiel dans la guérison de maladies cardio-vasculaires. Ainsi, les membres de l’université de Pise en Italie ont prouvé in vitro et in vivo la capacité vaso-relaxante de l’ortie. Ces premiers essais montrent ainsi de nouvelles stratégies de remède ancien, dans le cas de patients souffrant d’hypertension dans le cas présent.

Des recherches in vitro de l’université d’Ankara semblent aussi indiquer que les flavonoïdes glycosides contenus dans les tiges et les feuilles des orties auraient un effet immuno-stimulateur, ce qui pourrait permettre le traitement de maladies ou de déficiences immunitaires (ex: les maladies granulomateuses chroniques).

Malgré tout ces bienfaits, il est important de noter que certains résultats d’études montrent qu’une mauvaise utilisation de l’ortie peut provoquer des troubles allant de la perte temporaire des urines jusqu’au développement de sévères œdèmes sur la langue.

Disponible en grand magasins, magasins bio ou en pharmacie, sous forme de feuilles fraîches, séchées ou en poudre, l’ortie reste tout de même mal vue dans nos cuisines, nous rappelant sans doute les irritations qu’elle nous causait sur nos jambes tous les étés.

 

A lire pour les professionnels :

  • Urtica: therapeutic and nutritional aspects of stinging nettles / G M Kavalali / Volume 35 de Medicinal and aromatic plants, / CRC Press 2003
  • Cardiovascular effects of Urtica dioica L. (Urticaceae) roots extracts: in vitro and in vivo pharmacological studies. / Testai L, Chericoni S, Calderone V, Nencioni G, Nieri P, Morelli I, Martinotti E. / J Ethnopharmacol. 2002 Jun;81(1):105-9.
  • Cardiovascular effects of Urtica dioica L. in isolated rat heart and aorta / Abdelkhaleq Legssyer, Abderrahim Ziyyat, Hassane Mekhfi, Mohamed Bnouham, Abdelhafid Tahri, Mohamed Serhrouchni, Jacqueline Hoerter, Rodolphe Fischmeister / Phytotherapy Research Volume 16 Issue 6, Pages 503 - 507
  • In vitro immunomodulatory activity of flavonoid glycosides from Urtica dioica L. / Phytotherapy Research / Vol 17 No: 1 , PG: 34-37, y: 2003


A lire pour tous :

  • Les vertus de l’Ortie de Yves Tissier – édition Le Courier du Livre
  • Remèdes et recettes à l’ortie de François Couplan – édition Rustica

3 Commentaires

  1. 14 décembre 2011 at 23 11 04 120412 ·

    Comme tout ceci est si bien dit ! Rien à ajouter, j’abonde à 100%

  2. lunazen
    10 janvier 2010 at 16 04 23 01231 ·

    Les médecines douces, pour moi, ont de l’avenir. Et l’ortie en fait partie.

  3. 14 novembre 2009 at 18 06 37 113711 ·

    C’est vrai que l’ortie est idéale pour les médecines douces
    parce qu’elle entre dans la préparation de plein de ptits remèdes, et en plus c’est écologique! Le seul inconvénient, c’est que çà pique!!! Si vous ne savez pas trop comment l’employer, je vous conseille le site http://www.medecines-douces.org c’est un site qui nous donne pleins de bons conseils, et surtout comment utiliser au mieux tout ce qu’on peut trouver dans la nature pour nous soigner naturellement!

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