Peut-on skier durable?

 

Avec toute cette neige, les parisiens ont éprouvé pour Noël quelques difficultés à se déplacer et à partir en vacances, quand au ski, on se frotte les mains à l’idée d’une très belle saison qui s’annonce. Dévaler les pistes et profiter du grand air, c’est une activité qu’apprécient de plus en plus de français, mais est-ce réellement une manière écolo de passer ses vacances ?

ski

Transports et chauffage, les 2 bêtes noires

L’idée reçue qui veut que les remontées mécaniques et les canons à neige sont les premiers responsables de l’accélération du réchauffement climatique en montagne a la vie dure. En effet, ça chauffe là-haut ! + 1,5°C en moyenne en montagne en 80 ans, contre + 0,7°C en plaine. Autant dire que la neige est attendue avec impatience tous les ans…

L’Association des Maires de Stations de Montagne (ANMSM) a réalisé en 2008 une étude avec l’ADEME et l’association Mountain Riders sur le bilan carbone des activités liées au ski. Effectuée sur 10 stations, elle révèle un constat sans appel :

  • 74 % des gaz à effet de serre sont liés au transport touristique
  • 18 % sont liés au chauffage et à l’électricité consommés par les vacanciers
  • 4 % sont liés aux habitants, commerces et services de la station
  • Et seulement 2 % sont liés à l’activité ski proprement dite (remontées mécaniques, canons à neige, damage des pistes…)

Alors, skieurs émérites, préférez le train et le bus à votre voiture pour rejoindre les stations, de nombreuses initiatives sont mises en place pour vous faciliter la vie !

 

Une véritable prise de conscience des stations de sport d’hiver

Station skiLes stations françaises ont bien conscience de l’impact de leurs activités sur le réchauffement climatique ; le temps du développement anarchique des stations de ski est bien révolu (et heureusement !). La montagne française est d’ailleurs pionnière dans ce domaine, car c’est la seule activité touristique qui ait présenté son bilan carbone. Seulement, entre les impératifs économiques (la montagne ne « vit » que quelques mois par an), sociaux et environnementaux, il est parfois difficile de trouver le juste compromis.

Les stations de ski avancent petit à petit dans le développement durable et agissent sur la gestion de l’eau, le traitement des déchets, l’entretien des pistes, les énergies propres…, mais ont plus de difficultés à combattre les deux fléaux que sont les transports et le chauffage / électricité.

De plus en plus d’initiatives locales se développent, mais les investissements sont parfois lourds et les promoteurs immobiliers font encore pression pour installer de nouveaux complexes hôteliers au lieu de rénover les logements existants. Toutes les stations ne peuvent donc pas réaliser tous leurs projets durables.

Les stations de ski sont confrontées à un défi majeur : devoir concilier les éventuelles conséquences du réchauffement sur l’enneigement, aux nouvelles attentes de la clientèles (qui veut un complément à l’activité ski) et à une économie concentrée sur une saison courte, fortement soumise aux aléas climatiques. Les maires agissent aujourd’hui en conciliation avec les stations voisines, et surtout avec les vallées,  car c’est par elles que passent les vacanciers avant d’arriver au pied des pistes…

 

10 initiatives pour un développement durable

De nombreuses stations des Alpes et des Pyrénées, premières destinations pour le ski, ont mis en place de nombreuses initiatives pour réduire l’impact de l’activité ski sur l’environnement. En voici une sélection pour les lecteurs de Forevergreen :

Navette Mobilalp - 100x100Rouler en navette : Les bus se sont généralisés, mais certaines stations vont plus loin. Dans la chaîne des Aravis, le bus « Mobil’Alp » relie Annecy aux stations du Manigot, de la Clusaz et du Grand Bornand ; transport inclus dans le forfait. Pour 1 €, le bus « Balad’Aulps » relie Saint-Jean d’Aulps, Mrozine – Avoriaz, Montriond et Les Gets. Quand à Saint-Lary (Pyrénées), une navette ascenseur amène les skieurs jusqu’au pied des stations, évitant ainsi 1400 véhicules et 50 autocars en haute saison.

Covoiturage - 100x100Favoriser le covoiturage : Le covoiturage est la dernière tendance. Aux Gets, un transport privé à coût partagé est mis en place depuis l’aéroport de Genève. Et un forfait de ski est offert au 4è passager. De leur côté, les huit stations de « Labelle Montagn » disposent d’un portail de covoiturage (www.labellemontagne.com). D’autres stations proposent également des aides à la recherche de solutions de covoiturage.

Télsiège 100x100Réduire le nombre de pylônes : Assez inesthétiques, les pylônes gâchent un peu le paysage. L’optimisation des remontées mécaniques a permis le développement de télésièges et télécaines nécessitant moins de pylônes. La Plagne en a ainsi retiré 74 en 3 ans, et Tignes a remplacé un de ses télésièges par une télécabine, retirant du même coup les « massifs » de béton maintenant les pylônes en place. Le seul hic : leur prix. Toutes les stations ne peuvent donc pas remplacer leurs vieilles remontées mécaniques.

Dameuse 100x100Damer intelligent : Plus de la moitié des gaz à effet de serre émis pour l’entretien et l’utilisation des pistes est due au fuel utilisé par les dameuses. Les stations de la Plagne, Megève ou Les 2 Alpes se sont ainsi équipées de GPS permettant de déterminer l’épaisseur du manteau neigeux et d’optimiser le trajet des dameuses. Et le fuel est en passe d’être remplacé par le gazole et d’huiles bio.

Glacier du varet - 100x100Respecter l’eau : Préoccupation constante en montagne, les stations s’équipent de toilettes sèches, de bassins de retenue pour la fabrication de neige de culture, réparent les fuites en tout genre… A savoir que l’utilisation des canons à neige nécessite de prélever de l’eau, mais la neige artificielle ne contient aucun additif, et à la fonte, l’eau rejoint les torrents, sans occasionner de pollution. Enfin, pour limiter la fonte du glacier du Varet, aux Arcs, une bâche de 4000 m² a été installée.

Refuge du gouter - 100x100Limiter les pertes d’énergie : Les logements existants datent de plusieurs décennies et sont très consommateurs d’énergie, surtout qu’ils ne sont occupés qu’en pleine saison, à savoir l’hiver, quand il faut chauffer le plus ! Mais encore peu d’aides sont disponibles pour rénover ces logements. C’est cependant ce que prévoit La Plagne. Par ailleurs, les structures touristiques nouvellement construites utilisent les matériaux naturels locaux, avec isolation naturelle, chauffage géothermique ou panneaux solaires. L’ambition du nouvel hôtel de la chaîne Temnos à Saint-Gervais est de produire autant d’énergie qu’il en consomme. Et le prochain Club Med de Valmorel a déjà obtenu le label HQE (Haute Qualité Environnementale) pour le cahier des charges de la construction.

Chaudière bois - 100x100Utiliser les énergies vertes : Les bâtiments communaux s’équipent petit à petit de systèmes de chauffage utilisant les énergies renouvelables, comme les chaudières à bois. L’eau, élément naturel du décor montagnard, faisait tourner au début du siècle scieries et moulins. Alors, pourquoi pas utiliser sa puissance pour le chauffage ? C’est une idée retenue par Chamonix, qui réfléchit à installer une mini-centrale hydro-électrique pour alimenter les besoins en énergie du refuge du Lac Blanc.

Point vert logoGérer les déchets : Le tri sélectif est devenu une habitude pour beaucoup d’entre nous. A La Bresse, dans les Vosges, il a permis de réduire la taxe d’ordures ménagères pour les habitants. Les Ménuires cherchent aussi à réduire les déchets sur les pistes, en installant des poubelles à l’arrière de certains télésièges. Et à la fin de la saison d’hiver, de nombreux bénévoles participent à la grande opération de nettoyage de printemps, organisée par l’association Mountain Riders. A l’automne, la ville de Chamonix se lance dans un grand nettoyage de la Mer de Glace.

location ski - 100x100Recycler les vieux skis : A Gilly sur Isère, près d’Albertville, la société Tri-Vallées récupère les skis usagés dans les magasins de location de la région. Ils sont réduits en copeaux et utilisés comme combustible dans les cimenteries. Ainsi, chaque année, c’est 250 tonnes de skis collectées sur 34 stations.

Moniteur de ski - 100x100Soutenir la multi-activité : Les moniteurs de ski et saisonniers sont confrontés à un temps de travail très irrégulier sur l’année : très intense l’hiver, quasi-nul le reste du temps. Alors, depuis plus de 10 ans, l’école de ski français des 2 Alpes organise des stages de recyclage et de remise à niveau pour les moniteurs. Et à Saint-Lary, les saisonniers sont accompagnés dans leur parcours professionnel, histoire de leur assurer un temps de travail le plus long possible sur l’année.


ski de fondAlors, n’hésitez plus, laissez-vous aller à votre sport favori, sans pour autant culpabiliser pour notre belle Dame Nature. A condition de laisser la voiture au garage, et de préférer les logements rénovés ou peu consommateurs d’énergie. N’oubliez pas le fart écolo, sans fluor ni paraffine, pensez aux snowparks en bois local, issu de bois mort de la forêt avoisinante, et à vos produits protecteurs de l’hiver, qui trouveront leur place dans votre combinaison à côté des barres énergétiques bio ! Et le ski de fond ou les raquettes, ça fait les cuisses, permet de profiter du grand air, et tout cela sans impact sur l’environnement…

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