Interview de Michèle Cros, fondatrice de la marque Les Douces Angevines
Michèle Cros, quel est votre parcours?
Ma formation initiale est purement littéraire. Après quelques années, ma profession (professeur de lettres) ne me satisfaisait plus. J’ai donc décidé une réorientation profonde et totale. Je me suis donné les moyens pour y parvenir, en entreprenant des études en herboristerie, approfondissant mes connaissances en pharmacognosie (science des plantes ayant des applications médicamenteuses), en plantes médicinales et aromatiques.
Les plantes sont une passion depuis ma plus tendre enfance, à laquelle je consacrais beaucoup de temps. Je me souviens de longues promenades dans la garrigue avec ma grand-mère et mon arrière grand-mère, je montrais un grand intérêt pour les plantes sauvages et aromatiques.
Ma formation littéraire m’a beaucoup aidée ; je me suis plongée dans les livres et je suis revenue aux sources, les traditions égyptiennes, grecques, romaines…
Après cette formation, j’avais une vision plus explicite des plantes, et je désirais partager mes connaissances de manière concrète.
Comment en êtes-vous arrivée à fonder Les Douces Angevines ?
Pendant mes études, j’ai réalisé beaucoup de recettes pour mon usage personnel. J’ai testé de nombreuses plantes, des macérâts, des huiles essentielles. Et l’idée de les diffuser, de les commercialiser m’est venue. Je souhaitais que la nature fasse partie du quotidien de chacun.
J’ai fait beaucoup de recherches pour trouver les proportions idéales entre les différents ingrédients, afin de réaliser des produits fins et légers. Il était très important pour moi de respecter les traditions et les plantes, les manipuler et les transformer le moins possible. C’est pourquoi la très grande majorité des produits Les Douces Angevines ont une base huileuse, ce qui leur confère des textures particulières. Mes produits sont des Cosméto-fluides, produits de soin de la peau sans réaliser d’émulsions. Ils ne contiennent que des actifs, pas d’excipient, mais, malgré cela, ils sont très doux et d’une tolérance cutanée exceptionnelle, contrôlée en laboratoire.
Quelles sont les valeurs que vous véhiculez ?
Tout d’abord, le respect de la nature et de ce qu’elle nous apporte ; il ne s’agit pas de se servir sauvagement ! Certaines plantes sont récoltées par la cueillette sauvage ; je prends garde à ne pas tout cueillir, à laisser les plantes en bon état pour assurer leur reproduction. J’ai une relation d’égal à égal avec la nature. D’autres plantes sont cultivées dans notre jardin. Enfin, je me fournis auprès de petits producteurs, comme moi, locaux ou qui privilégient le commerce équitable.
D’autre part, le côté « écolo » fait partie de ma vision des choses. Les procédés de fabrication génèrent peu de déchets : les plantes utilisées pour les macérations sont réutilisées sous forme de compost. Les Douces Angevines est l’une des premières marques a avoir été certifiée par Cosmebio, sans modifier le cahier des charges que je m’étais fixé.
De plus, la cosmétique est liée à la séduction, être belle à tout prix, même si on doit en souffrir (comme la chirurgie esthétique). Je voulais proposer des produits qui permettent aux femmes de se libérer de ce dogmatisme, de donner à chacune la liberté et la créativité d’utiliser les produits quand bon leur semble, ou quand leur peau le réclame.
Comment vous inscrivez-vous dans la démarche de développement durable ?
Tous les produits Les Douces Angevines sont fabriqués artisanalement. Certaines plantes rares ne sont produites qu’en quantité limitée (échinacée, violette), ce qui détermine la production.
Nous avons récemment agrandi le laboratoire, construit en pensant de manière durable : utilisation de bois et de briques réfractaires pour la construction, chanvre et pompes à chaleur pour le chauffage et l’isolation.
D’un point de vue humain, je privilégie les artisans, comme moi. Au laboratoire, je tenais à ce que nous soyons toutes des femmes, qui représentent le côté féminin des produits, la transmission ancestrale des connaissances des plantes de femme à femme, à travers les générations.
Depuis sa création, Les Douces Angevines se développe de façon constante, sans explosion, ce qui me donne le temps de trouver des solutions, tout en conservant le côté artisanal. Le contact humain est très important à mes yeux.
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Les noms des produits sont très poétiques, enchanteurs. Comment les trouvez-vous ?
Le choix des noms est lié à mon amour de la poésie et de la littérature. Ils représentent le titre d’un poème, un personnage de roman, le nom d’un conte… Leur donner un nom est ma façon de leur donner vie. Ils permettent à chacune de rêver, de se libérer des contraintes.
Aube d’été est le premier produit que j’ai développé, appelé ainsi en hommage à Rimbaud (« J’ai embrassé l’aube d’été. », premier vers du poème Aube, Illuminations, 1873).
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Plus d’infos sur le site: www.lesdoucesangevines.com
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Aurore
C’est un fait, les cosmétiques les Douces angevines portent des noms très poétiques, très évocateurs sensoriellement.