Huiles végétales et huiles estérifiées: quelle différence?

En cosmétique, ce sont les corps gras – et en particulier les huiles – contenus dans nos crèmes qui sont responsables en grande partie de la texture d’un produit, de sa facilité d’étalement, sa vitesse de pénétration, son toucher gras ou collant. En cosmétique conventionnelle, on peut utiliser les huiles minérales ou les silicones. Et en cosmétique naturelle et biologique, qu’est-ce que nous avons à disposition ? Petit tour dans le monde des huiles.


Huiles végétales : 100% naturelles, voire biologiques

Tout le monde le sait, les huiles végétales sont issues des fruits ou des graines de différentes plantes. Parmi les plus connues : jojoba, argan, noisette, sésame, olive… Il y en a énormément à notre disposition, des plus classiques aux plus exotiques, toutes avec leur couleur, leur parfum et leurs propriétés.

Triglyceride 3DLes huiles végétales sont des triglycérides : c’est l’association de glycérine et de trois acides gras. Celles qui sont les plus intéressantes en cosmétique – comme en alimentaire, d’ailleurs – sont riches en acides gras insaturés. Ceux-ci sont nourrissants, adoucissants, protecteurs… C’est grâce à leur richesse en acides gras insaturés – et en particulier en oméga 3, 6 et 9 – que les huiles végétales sont si bonnes pour notre peau et notre santé. Elles ont une affinité particulière avec elle et lui apportent ainsi tous les éléments dont elle a besoin pour être belle et douce !

  Les huiles végétales de meilleure qualité sont issues de la première pression à froid (avec une exception pour l’huile de pépin de raisin, généralement raffinée), pour conserver intacts tous les actifs et vitamines qu’elles peuvent contenir. Et si elles sont bio, c’est encore mieux ! Mais il faut y mettre le prix : c’est la méthode qui fournit la meilleure qualité d’huile, mais aussi celle qui donne le plus faible rendement.

HV_Rose_musqueeLes huiles végétales ont toutefois un inconvénient en formulation : elles sont généralement colorées, voire odorantes. Par ailleurs, comme ce sont des produits vivants, leur aspect, leur odeur et leur composition peuvent légèrement varier d’une année ou d’un lieu de production à l’autre. Et même si cela a de nombreux avantages pour notre peau, ça peut gêner le fabricant qui développe des cosmétiques : en effet, impossible de faire une crème blanche à base d’huile de rose musquée, très orangée !


Huiles estérifiées : inodores et incolores

Une autre catégorie d’ingrédients est autorisée dans les différents cahiers des charges de cosmétique bio : les huiles estérifiées. Ce sont des recombinaisons d’huiles végétales : on dissocie les triglycérides en glycérine et acides gras, et on sélectionne ceux qui sont les plus intéressants, que l’on les recombine avec de la glycérine ou tout autre alcool. Au final, on obtient une molécule qui a la même structure, d’où son nom d’huile. Mais ces ingrédients n’en ont que le nom.

HV_avocatLes huiles estérifiées, si elles sont d’origine 100% naturelle, sont obtenues à partir de réactions chimiques. Cette étape, même réalisée dans des conditions douces, dénature quelque peu les huiles : en effet, les actifs et vitamines sont éliminés pendant le processus, et les acides gras insaturés sont souvent hydrogénés pour améliorer la stabilité des huiles à l’oxydation.

Les huiles estérifiées sont souvent utilisées en cosmétique pour améliorer les propriétés d’étalement et de pénétration d’une crème. Elles ont un effet « silicone » : on atténue, voire on évite le toucher parfois gras ou collant de certaines huiles végétales. Elles sont par ailleurs souvent plus fluides que celles-ci, et forment des émulsions moins épaisses.

Enfin, et c’est un argument de poids pour certains fabricants : elles sont moins chères que les huiles végétales, sont incolores, inodores, et de composition stable d’un lot à l’autre ! Idéal pour faire baisser le prix de revient, ou réaliser des crèmes blanches aux textures qui se rapprochent des cosmétiques conventionnels.


Comment les repérer ?

Les huiles végétales sont indiquées dans la composition des cosmétiques par leur nom botanique indiqué en latin, suivi du mot « oil » : simmondsia chinensis oil pour le jojoba, prunus armeniaca oil pour le noyau d’abricot…

Les huiles estérifiées, quant à elles, sont indiquées selon leur structure chimique. Les plus communes sont : Caprylic / capric triglyceride, Coco caprylate / Caprate, Decyl oleate, Oleyl linoleate…


Et la certification, dans tout ça ?

Les différents labels disponibles en cosmétique naturelle et biologique se positionnent de manière différente : Ecocert et Cosmebio ne limitent pas l’usage des huiles estérifiées dans les cosmétiques certifiés, alors que le BDIH est plus restrictif ; il impose un maximum de 10% sur le total des ingrédients et de 50% sur la phase huileuse. Pourquoi une telle différence ?

logo BDIHecocert200Elle s’explique par l’orientation que chacun veut donner et les objectifs affichés. Ecocert fournit des critères « minimum » qualifiant un cosmétique naturel et biologique, tout en y intégrant les avancées technologiques (biotechnologies et chimie verte) et en faisant un compromis entre la nature et la technologie. Le BDIH, quant à lui, insiste plus sur le côté naturel des cosmétiques certifiés et fait jouer un rôle central aux huiles végétales.

Et avec l’évolution des cahiers des charges et l’émergence de nouveaux labels européens (Cosmos et Natrue), cette différence continue d’exister.


Comment choisir son cosmétique bio ?

Au-delà des cahiers des charges, qui imposent des contraintes minimum, chaque fabricant peut s’imposer des critères plus restrictifs. Vous ne verrez pas de différence au niveau de la certification, mais le pourcentage d’ingrédients bio affiché (pour Ecocert/ Cosmebio) sera plus important, et le prix plus élevé.

Et un moyen infaillible pour savoir à quoi vous en tenir : la composition ! Beaucoup de latin = beaucoup de plantes, beaucoup d’anglais = beaucoup de molécules d’origine naturelle, mais transformées chimiquement.


HV_ARGANPetit message à l’intention des fabricants qui prétendent ne pas pouvoir développer de cosmétiques bio aux textures agréables, douces, pénétrantes… : la nature est très riche, et une combinaison de plusieurs huiles végétales classiques et exotiques permet de trouver des solutions pour contourner de nombreuses difficultés. De plus, l’efficacité sera au rendez-vous. Certaines marques y arrivent très bien.

Et puis, le bio, ce n’est pas une copie du conventionnel, c’est beaucoup plus que ça !

 

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