Huile de palme: à éviter?

Récemment, une lectrice assidue de Forevergreen m’a fait remarquer que l’huile de palme, bio ou pas, elle n’en voulait pas. Je comprends son opinion, que j’ai d’ailleurs partagé un temps. Cependant, il y a huile de palme et huile de palme. Alors, j’ai voulu rassurer tous ceux qui se posent encore la question, et vous faire découvrir l’huile de palme bio, qui nous rend beaucoup de services en cosmétique, tout en préservant l’environnement…

 

Huile de palme : kesako ?

palmisteL’huile de palme est issue du palmier à huile, Elaeis guineensis, arbre originaire d’Afrique tropicale, qui produit un fruit riche en huile. Il est essentiellement cultivé en Indonésie et en Malaisie, premiers producteurs mondiaux, mais également en Amérique du Sud (Bolivie et Equateur) et en Afrique (Côte d’Ivoire, Cameroun, Congo).

Le fruit du palmier à huile fournit deux types d’huiles très différentes :

  • l’huile de palme (ou palm oil), extraite de la pulpe du fruit, très utilisée en alimentaire pour nos margarines et pâtisseries industrielles, pour produire du bio-carburant, et en cosmétique (c’est la 2è huile végétale la plus produite dans le monde après le soja),
  • l’huile de palmiste (ou palm kernel oil), issue du noyau  du fruit, de composition très différente de l’huile de palme, et essentiellement utilisée en cosmétique.

Ci-dessous les compositions des deux huiles :

Huile

C8

C10

C12

C14

C16

C18:0

C18:1

C18:2


Caprylic

Capric

Lauric

Myristic

Palmitic

Stearic

Oleic

Linoleic

Palme

-

-

-

2

42

5

41

10

Palmiste

4

5

50

15

7

2

15

1

Leur composition leur confère des propriétés très différentes. En effet, l’huile de palme est essentiellement texturante et nourrissante, et utilisée dans des produits de soin, alors que l’huile de palmiste, riche en chaîne lauric, a des propriétés détergentes, idéales pour fabriquer des tensioactifs entrant dans les shampooings et gels douche. Les deux huiles végétales hydrogénées entrent également dans la composition des crayons et rouges à lèvres pour leur côté glissant.

 

Un désastre écologique et humain

Orang-outanC’est l’augmentation de la demande pour les bio-carburants qui a provoqué ce que l’on appelle aujourd’hui un désastre écologique. En effet, il y a quelques années, l’huile de palme a démontré des propriétés très intéressantes pour en faire un bio-carburant. De nombreuses banques européennes ont fortement investi dans ce marché, avec pour conséquence l’accroissement exponentiel des surfaces cultivées en Indonésie et Malaisie, devenus premiers producteurs mondiaux. Déforestation (l’équivalent d’un terrain de football de forêt disparaît toutes les 10 secondes !), destruction de l’habitat et extinction prochaine des orangs-outans de Bornéo, expropriation des habitants, tels sont les dommages « collatéraux » occasionnés par l’expansion de cette culture. Si rien ne change, 98% de la forêt disparaîtra d’ici 2020…

En 2007, une conférence mondiale sur l’huile de palme a indiqué que l’Indonésie était le 3è  pays émetteur de gaz à effet de serre, dont 80% dû à la déforestation et aux feux de forêt ! Eh oui, plus d’arbres pour absorber le CO2, et utilisation massive d’engins et de pesticides… D’autant plus que la forêt détruite était de la forêt native (ou bush), qui ne pourra jamais être replantée…

Le gouvernement est malheureusement dans une position délicate : d’un côté, la culture du palmier à huile est une manne financière inespérée pour faire sortir le pays de la pauvreté, de l’autre, des considérations, écologiques, environnementales et humaines, mais qui rapportent peu. Pour le moment, la balance penche du côté des investisseurs, même si les consciences commencent à s’éveiller.

 

L’huile de palme bio

En alternative à l’huile de palme produite de manière intensive en Indonésie, d’autres pays ont développé la culture du palmier à huile selon les critères de l’agriculture biologique. C’est le cas en Amérique du Sud. Les palmiers à huile sont cultivés sur de plus petites surfaces, et selon le principe des forêts gérées : si une parcelle de forêt doit être abattue pour produire de l’huile de palme, celle-ci est replantée et gérée, de manière à assurer la pérennité de la forêt amazonienne, poumon de la Terre. Aujourd’hui, environ 4% de la production d’huile de palme mondiale est produite de cette manière.

Les pays d’Amérique du Sud ont une économie plus développée qu’en Indonésie, et sont également plus conscients de leur patrimoine naturel qu’est l’Amazonie, donc les autorités sont plus attentives aux activités pouvant avoir un impact sur les populations et l’environnement.

 

Alimentaire et cosmétique bio

En alimentaire et en cosmétique bio, les huiles de palme et de palmiste sont utilisées, car incontournables. Cependant, elles proviennent de plantations bio d’Amérique du Sud, donc sans contribuer à ce désastre écologique indonésien.

Il est vrai, qu’en alimentaire, il faut éviter de consommer trop de graisses saturées, comme l’huile de palme.  Mais  une petite douceur de temps en temps n’a jamais de fait de mal à personne, surtout si elle est bio, alors, n’hésitez pas, vous pouvez continuer à manger vos petites gourmandises et utiliser vos produits préférés sans vous poser un cas de conscience !

 

Pour en savoir plus :

www.wwf.fr

www.sourceeffetsdeserre.fr

www.infosdelaplanete.org

4 Commentaires

  1. 19 avril 2010 at 15 03 38 04384 ·

    Je suis pour la production d’huile de palme bio ! Je fais de toute façon très attention aux étiquettes (bio ou pas) mais malheureusement dans le commerce conventionnel on joue beaucoup sur les mots: « huiles végétales » , « matières grasses d’origine végétale » .. (idem pour les graisses hydrogénées notamment dans l’alimentation)

    De nombreux consommateurs ne font pas cette démarche ou ignorent totalement ce que cela signifie …
    Bizarrement quand un produit est préparé a l’huile de colza, on les met bien en avant sur le produit … avec un petit logo et tout … c’est un peu prend les gens pour des C…

    • 20 avril 2010 at 8 08 40 04404 ·

      Vous avez tout à fait raison, et malgré l’évolution des réglementations et de l’information client, il faut rester un expert pour comprendre ce que les étiquettes veulent dire…
      Et les mêmes questions se posent pour d’autres cultures, très largement utilisées dans l’industrie. Alors, à moins de tout faire soi-même, il est assez difficile d’être 100% éthique. Mais si chacun fait des efforts, et agit à son niveau, on peut arriver à faire bouger les choses. Lentement, mais sûrement… Il ne faut donc pas désespérer!

    • Nicole
      12 décembre 2010 at 20 08 44 124412 ·

      BIO OU PAS BIO !… A rejeter à moins de revoir l’exploitation de façon éthique. VOUS AVEZ VU LES DEGATS SUR LES POPULATIONS ET SUR LES ANIMAUX (allez donc regarder le film GREEN de P. ROUXEL en ligne) ?!…

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