Actif ou passif Рcomment vos cr̬mes travaillent-elles ?

 Molécules extraites de plantes exotiques rares, les actifs se trouvent dans tous les cosmétiques justifiant leur efficacité mais aussi leur prix. Un doute émerge cependant avec les nouveaux formulateurs en cosmétique Bio qui introduisent dans leurs produits des bases neutres qui permettent aussi de prendre soin de la peau … Regardant sous un nouvel angle nos crèmes et lotions… mais quels composants sont alors efficaces ?


Qu’est ce qu’un cosmétique ?

COLD CREAM

Copyright © Bionessence

Avant de comprendre la prévalence de l’actif ou du passif du cosmétique sur le reste de sa composition, commençons par comprendre comment se structure un cosmétique. En général, qu’elles soient crème, lotion, gel ou sérum, les préparations pour le visage et le corps peuvent se séparer en plusieurs composantes qui ont chacune leurs fonctions, afin non seulement d’être efficaces, mais aussi stables.

Les bases : généralement sous la forme d’eau ou d’huile, la base permet de contenir les actifs et permet une bonne répartition des actifs sur la peau en évitant une trop grande concentration de ces molécules à un seul endroit ou à une seule prise du produit.

Les actifs : extraits de plantes ou molécules purement issues de l’industrie chimique, le ou les actifs sont en théorie les molécules «thérapeutiques» qui permettent de résoudre un problème cutané en particulier. Ces molécules actives ont ainsi un but bien précis sur la peau comme dégraisser la peau, la purifier, la détoxifier ou la protéger des agressions extérieures.

Les émulsifiants : les bases et les actifs ne sont pas forcément de la même nature (miscible à l’eau ou dans l’huile). Comme pour une vinaigrette, il nous faut alors ajouter un émulsifiant qui permettra de lier les différents actifs et les bases entre elles afin que le cosmétique ne se sépare pas au cours du temps. L’émulsifiant permet donc de conserver la crème ou la lotion dans sa forme originelle et d’éviter la séparation et la dispersion des molécules actives dans le flacon.

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Les stabilisants : partenaire de l’émulsifiant, le stabilisant a pour rôle de conserver les propriétés du cosmétique au cours du temps et ainsi d’éviter sa détérioration.

Les additifs : vaste panel des petites poudres magiques qui sont ajoutées au cours de la préparation des soins, les additifs permettent principalement d’accorder et d’unifier les produits cosmétiques à chacune des productions pour ainsi convenir aux attentes, aux goûts des utilisateurs mais aussi aux fonctions du cosmétique (colorant rouge pour les tonifiants, bleu pour les purifiants, etc.). On retrouve dans cette classe les colorants, les parfums mais aussi les produits permettant de texturer: les exfoliants pour leur donner de plus ou moins gros grains, mais aussi le lissant des crèmes et cette sensation plus ou moins de velours que vous pouvez y retrouver.

Les conservateurs : Définitivement le plus controversé des composants des cosmétiques, le conservateur est toutefois essentiel au cosmétique. Il permet non seulement de limiter le développement des bactéries et des virus qui peuvent s’introduire dans les crèmes après l’ouverture du flaconnage, mais il sert aussi à détruire les développements néfastes d’éléments extérieurs qui s’introduisent dans les mélanges tout au cours de la fabrication du produit.

Pour vous donner quelques notions de quantités, la liste des ingrédients (liste INCI) qui se trouve sur tous vos flacons est écrite de la plus grosse quantité à la plus faible. En général, les produits cosmétiques traditionnels sont composés ainsi entre 30 et 90 % d’eau … ce qui inclut aussi l’eau contenue dans les ingrédients actifs de votre crème, je vous rassure.

 

Compositions à fleur de peau & stratégie cosmétique :

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Les nouvelles révolutions de nos grand-mères. Comme vous le lisez dans tous les magazines féminins ou sur les publicités et packaging, l’actif est le coeur de l’efficacité du produit ! Ou presque… Si l’on remonte aux origines des crèmes de beauté nous trouverons… des cataplasmes et des onguents à base de boues, de feuilles et de poudres d’insecte… Pas très glamour me direz-vous, soit, je vous l’accorde !

Issue des pratiques médicales ancestrales (que nous appelons aussi sous une certaine forme médecine douce), la cosmétique a su reprendre et affiner au cours des siècles les plantes et les composants pour en extraire (sous forme d’huile essentielle, de poudre ou jus) les molécules les plus actives, pour augmenter ainsi l’efficacité thérapeutique et par la suite la diluer dans de l’eau ou des beurres (animaux ou végétaux), afin d’aider à une meilleure répartition sur le visage et le corps.

Le développement de l’industrie chimique et pharmaceutique a permis la multiplication de ces molécules bienfaitrices sous une forme plus artificielle, mais beaucoup plus disponible pour les masses. S’éloignant lentement de leurs origines, ces nouveaux cosmétiques basent donc tout leur potentiel bienfaiteur sur les molécules artificielles ou extraits naturels pour les diluer dans des bases neutres. Jusqu’ici la question ne se posait donc pas … Il n’y avait d’actif que les actifs !

Ces derniers temps, avec le nouvel intérêt des utilisateurs pour avoir plus de transparence sur les produits qu’ils achètent mais aussi utilisent, les cosméticiens ont dû répondre à une demande croissante pour des produits non seulement écologiques pour sauver la planète, mais aussi Bio pour les sauver eux. Travaillant d’arrache-pied pour répondre à cette nouvelle envie et ainsi répondre à des cahiers des charges verts, les industriels se trouvèrent de nouvelles stratégies afin de proposer la plus grosse quantité de produits naturels et bio dans leurs produits.

Les nouvelles formulations émergentes deviennent alors de plus en plus proches des recettes de nos grand-mères avec, par exemple des bases neutres qui ne le sont plus vraiment, comme les argiles, les hydrolats, des extraits et gommes naturels. D’un autre coté, de nouvelles stratégies cosmétiques permettent, par leur formulation, de faire pénétrer plus rapidement les actifs dans la peau, aidant à la fois à l’amélioration de l’efficacité du produit, mais aussi à pouvoir diminuer la concentration des actifs dans les crèmes. Reste maintenant cette réflexion entendue sur l’un des salons cosmétiques : «mais si votre base n’aidait pas si bien à faire pénétrer l’actif, votre produit ne ferait rien en fait ! Du coup c’est la base qui est active non ?». Passant sur la gêne du commercial, cette utilisatrice soulève ainsi un point intéressant : quand la base devient active que devient l’actif ?

 

Entre actif et passif, qui travaille vraiment ?

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La question devient alors très intéressante. Suivant la génération du cosmétique que vous allez utiliser, il est donc possible que l’actif annoncé sur le paquet ne soit que l’une des molécules actives du produit permettant de résoudre votre problème cutané.

Avec le développement des nouvelles formulations de la cosmétique biologique et écologique, il est de plus en plus difficile de réellement identifier les molécules actives sur votre peau, des autres molécules qui ne font rien. Les stratégies de beauté deviennent ainsi aussi variées que les chef-formulateurs et les équipes qui les composent.

Nous pouvons toutefois nous rassurer sur un point: si nous savons de moins en moins qui est responsable pour notre bien-être cutané, nous pouvons au moins nous rassurer sur les capacités du produit en général. Même s’il reste beaucoup de chemin à faire en cosmétique, les nouvelles obligations de prouver scientifiquement les allégations d’efficacité pour pouvoir en faire la publicité devraient permettre de rétablir la balance entre les marques cosmétiques donnant plus de transparence aux utilisateurs sur la réelle efficacité des produits et de leurs composants.

Il nous reste maintenant à rester vigilant en se posant à chaque fois la question de ce qui agit réellement sur sa peau en lisant les flacons, et en nous posant aussi la question de l’impact sur l’environnement de l’extraction des actifs de plantes rares et exotiques.


Pour en savoir plus sur les ingrédients :

Ingrédients bio ou naturels, que choisir? Par Aurore


A lire pour tous :

  • Formulation cosmétique : Matières premières, concepts et procédés innovants de JM Aubry, S Derro, H Sebag aux éditions EDP Sciences
  • La vérité sur les cosmétiques naturels de Rita Stiens, Claudine Bartelheimer, et Jürgen Bartelheimer – édition Leduc.S Editions
  • Tout savoir sur vos produits de beauté : Le guide des cosmétiques de Myriam Cohen – édition Flammarion

One Commentaire

  1. lunazen
    10 janvier 2010 at 16 04 18 01181 ·

    Le consommateur est novice sur les formulations alors il a besoin d’aide. Il y aura toujours la nécessité d’une réflexion de la part du consommateur.

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