Comment conserver les cosmétiques bio ?

IMG_2103La conservation des cosmétiques est une thématique récurrente ces dernières années, en particulier depuis que les parabens ont été mis sur la sellette. Bien qu’ils soient, à ce jour, les conservateurs conventionnels les plus sûrs d’emploi (attention aux fabricants peu scrupuleux qui affichent des produits sans parabens, en les remplaçant par des conservateurs bien pires!), ils sont d’origine pétrochimique et l’idéal est de trouver d’autres alternatives plus douces pour notre santé et plus respectueuses de l’environnement.


Une conservation nécessaire

Il faut tout d’abord rappeler que les cosmétiques naturels et biologiques sont avant tout des cosmétiques, et doivent respecter la même législation, à savoir le Code de la Santé Publique. Celui-ci stipule, entre autres, que les produits cosmétiques mis sur le marché ne doivent pas nuire à la santé humaine. Leur conservation est donc indispensable, en particulier pour nous protéger de certaines bactéries très pathogènes.

De plus, il ne faut pas confondre conservateur et anti-oxydant : les conservateurs servent  à protéger le cosmétique d’une contamination microbienne (bactéries et levures), possible seulement en présence d’eau ; les anti-oxydants, eux, protègent les huiles et beurres du rancissement dû à l’oxydation.

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Une démarche globale

Les partisans de la cosmétique conventionnelle qui clament haut et fort que les conservateurs autorisés en cosmétique bio ne sont pas aussi efficaces que les parabens adoptent généralement une démarche de remplacement ingrédient par ingrédient. Et il est vrai que si l’on remplace, à quantité égale, les parabens par un conservateur autorisé en cosmétique bio, les résultats ne sont pas toujours à la hauteur.

Cependant, et c’est un raisonnement parfois difficile à utiliser par les grands noms de la cosmétique conventionnelle, la démarche de conservation d’un cosmétique ne se résume pas à remplacer un ingrédient par un autre. Il faut aborder le problème de manière globale, c’est-à-dire prendre en compte la formulation en elle-même, mais également toutes les sources de contamination possibles, comme le procédé de fabrication, les matières premières, le flaconnage, la synergie d’action entre les ingrédients, les mésusages… Et en agissant sur tous les plans, on protège efficacement les cosmétiques, sans avoir à utiliser de grandes quantités de conservateurs.


Les conservateurs identique nature

JASMIN FENIQIAUn certain nombre d’ingrédients naturels (extraits de plantes, huiles essentielles, propolis…) ont des propriétés antibactériennes, antivirales et antifongiques reconnues. Cependant, ce sont des ingrédients puissants, et qui dit naturel ne dit pas dénué de toxicité ou de potentiel allergisant. De plus, certains de ces ingrédients ont une couleur ou une odeur parfois marquée. Il est donc parfois nécessaire d’avoir recours à des conservateurs synthétiques.

Ce sont les seuls ingrédients synthétiques à être autorisés en cosmétique naturelle et biologique, avec les ajusteurs de pH. Ce sont des conservateurs, au même titre que les parabens ou le phénoxyéthanol. On les appelle « identique nature », car ils existent à l’état naturel, mais sont peu biodisponibles. On les synthétise donc, mais en utilisant des procédés respectueux de l’environnement.

Le tableau ci-dessous indique l’origine naturelle des conservateurs identique nature autorisés en cosmétique bio :

Conservateur identique nature Se trouve à l’état naturel dans :
Acide benzoïque

Benjoin

Sécrétions de défense des scarabées d’eau

Acide formique

Ortie – Aiguille de sapin

Sécrétions de défense des coléoptères et arthropodes

Acide propionique Fermentation de bactéries (Lactobacillus casei, Bacillus subtilis, Propionibacterium pentosaceum)
Acide salicylique Reine des prés, feuilles de séné, fleurs de camomille, écorce de saule
Acide sorbique Graines de sorbier
Alcool benzylique

Nombreuses huiles essentielles

Jusqu’à 6% dans l’absolue de jasmin

L’alcool

L’alcool « bio » est issu de la fermentation du blé. Pour avoir des propriétés conservatrices, il doit être introduit en grandes quantités dans les cosmétiques (15 à 20%). C’est un mode de conservation totalement naturel, souvent adopté par les marques allemandes (Weleda, Logona, Lavera…). Associé à d’autres ingrédients naturels tels que les huiles essentielles, l’alcool est un très bon bactéricide.

Cependant, l’alcool, surtout introduit en grandes quantités, a l’inconvénient d’être desséchant. Il n’est donc pas recommandé pour les peaux les plus sensibles. Pour pallier à ce problème, les marques utilisent des huiles végétales de qualité, nourrissantes et protectrices.

Le choix d’un cosmétique conservé à l’alcool est finalement fonction de votre sensibilité…


Huiles essentielles et extraits de plantes

IMG_7949De nombreuses huiles essentielles ont de très bonnes propriétés antibactériennes, antivirales et antifongiques, pouvant agir sur de nombreux germes. Ce sont également des substances odorantes puissantes et, aujourd’hui, il est possible de développer des parfums naturels à base d’huiles essentielles, qui agissent en synergie avec d’autres systèmes conservateurs pour optimiser leur efficacité. C’est ce qui s’appelle un parfum « utile » !

Les huiles essentielles sont cependant scrutées à la loupe car ce sont des composés puissants disponibles en vente libre, et un certain nombre de précautions s’imposent à leur utilisation. Leur manipulation dans un cosmétique doit donc se faire par des spécialistes.

Les acteurs de la cosmétique conventionnelle n’ont généralement qu’une remarque sur les lèvres à ce sujet : « Oui, mais les huiles essentielles contiennent des allergènes ! » En effet, quasiment toutes les huiles essentielles contiennent un ou plusieurs des 26 allergènes répertoriés, et parfois dans des quantités importantes. Cependant, les huiles essentielles sont aussi et surtout des complexes de molécules, qui agissent en synergie, et si certaines d’entre elles sont qualifiées d’allergènes, d’autres ont des propriétés anti-inflammatoires, antihistaminiques, antalgiques…  Pour des effets secondaires grandement atténués.

Et si on ne regarde les huiles essentielles que d’un côté de la lorgnette, on devrait interdire les parfums, même conventionnels !

Enfin, de nombreux conservateurs, de l’acide benzoïque aux parabens, se trouvent à l’état naturel dans de nombreuses plantes. Les utiliser permet d’améliorer la conservation des cosmétiques sans avoir recours aux huiles essentielles.


Les cosmétiques sans conservateurs

Il est également possible de développer des cosmétiques naturels et biologiques sans conservateurs. Le cas le plus simple est la cosmétique sans eau (Huiles et Baumes, Forest People). Ces cosmétiques ne sont composés que de corps gras : huiles, beurres et baumes, et ne contiennent donc pas d’eau. Et sans eau, pas de bactéries ! Pour augmenter leur durée de vie, ces produits contiennent des anti-oxydants, le plus connu étant la vitamine E.

Cependant, la cosmétique sans eau limite les possibilités de formules : pas de crèmes, ni de laits, et encore moins de lotions toniques !

D’autres entreprises ont développé des procédés sans conservateurs, brevetés, tout en utilisant des phases aqueuses dans leurs cosmétiques. C’est le cas de Dermatherm, par exemple, qui a adapté le procédé UHT utilisé en alimentaire, pour la cosmétique. Doublés d’un emballage très protecteur, les produits sont exempts de bactéries jusqu’à leur première utilisation. Par contre, leur durée de vie après ouverture est très courte (3 mois).

Novexpert, pour sa part, a gélifié les phases aqueuses de ses cosmétiques : sous cette forme, l’eau ne peut pas être assimilée par les bactéries, qui meurent… de soif !


Le zéro bactéries en fabrication

La première cause de contamination dans les cosmétiques est la fabrication. Que ce soit un réacteur mal nettoyé, une matière première contaminée (en particulier l’eau) ou un emballage non stérile, les cosmétiques peuvent contenir des germes dès leur sortie de l’usine. Les réglementations autorisent jusqu’à 1000 germes par gramme, ce qui est autant de germes pouvant proliférer par la suite.

Là encore, alors que les marques conventionnelles se contentent de ces valeurs, les marques de cosmétique bio vont plus loin et s’imposent des critères beaucoup plus stricts. Novexpert (encore lui !) garantit tous ses cosmétiques en fin de fabrication à zéro germes. Des conditions draconiennes en fabrication, contrôle des matières premières et des emballages, mais c’est possible !


Packaging

En bout de chaîne, ce sont les mésusages qui sont responsables de la contamination des cosmétiques. Tremper le doigt dans son pot de crème tous les matins, c’est la garantie d’y introduire tout un lot de germes qui vont se régaler ! Et là, les conservateurs se doivent d’être efficaces pour anéantir tout ce beau monde.

Une autre solution, prônée par les acteurs de la cosmétique bio : changer les emballages pour limiter l’exposition à l’air, l’humidité et le contact avec des vecteurs de germes, comme nos mains. Exit le traditionnel pot, voilà les flacons airless, les flacons pompe ou les tubes ! Moins exposées, les formules ont également moins besoin d’être protégées.

Les fabricants ont fait d’énormes progrès en terme de packaging et proposent aujourd’hui des produits high-tech : protection contre l’air, l’humidité, les UV, délivrance d’une dose très précise de produit, lotion qui se transforme en mousse, aérosols sans gaz propulseurs polluants… On peut aujourd’hui tout faire ! Et l’innovation n’empêche pas les emballages d’être design, écolos et recyclables ! Que demander de plus ?


En résumé, la conservation d’un cosmétique, c’est indispensable pour ne pas être exposés à des germes potentiellement dangereux pour notre santé, mais plusieurs approches sont possibles. Et une démarche globale, plus respectueuse de l’homme et de l’environnement, qui allie technologie et écologie, pour des produits plus sains, nous, on vote pour !

 

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One Commentaire

  1. lunazen
    17 décembre 2009 at 14 02 21 122112 ·

    Moi aussi je vote pour!. Bien que n’ayant aucun cosmétique en pot, je me lave toujours les mains avant l’utilisation d’un produit!

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